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Hons Jo Eygun
Eygun, Joseph William (1937-2019)

Le fonds Jo Eygun

Présentation du producteur


Joseph William « Jo » Eygun est né le 2 septembre 1937 à Oloron-Sainte-Marie dans une famille originaire d’Accous, en vallée d’Aspe, où son arrière-grand père était berger. Après ses études à HEC et un séjour professionnel en Angleterre où il épouse une Anglaise, son père s’installe à Oloron-Sainte-Marie où naît Jo. Après l’obtention de son baccalauréat en 1957, il devient comme son grand-père instituteur occupant de 1958 à 1972 divers postes de remplaçant dans la région d’Oloron : en 1958 à Lourdios où il prend plaisir à entendre chanter à l’auberge, à Accous, à Cette-Eygun en 1963-1964, à Géronce (vallée de Josbaig) en 1964-65, aux Forges d’Abel en 1965-66. En 1972, il devient psychologue scolaire.
Sportif accompli, trois-quart centre du Football Club Oloronais rugby, international scolaire, puis entraîneur de l’équipe junior. En 1978, il se présente comme député-suppléant aux élections législatives pour le Mouvement des Radicaux de Gauche.
Dès sa création en 1967, il est l’un des grands artisans du Festival de la Chanson Béarnaise de Siros qui connaît d’emblée un immense succès populaire. Ce festival dédié au chant traditionnel – principalement polyphonique – et au conte béarnais, est né d’une idée originale de Robert Chandernagor, enseignant et entraîneur de rugby attaché à la vallée de Barétous, et soutenu par Gérard Forgues, directeur départemental de la Jeunesse et des Sports : autant de raisons de mobiliser cet amoureux du chant qu’est Jo Eygun. Fort de son inscription dans le territoire, il repère et draine dès lors vers Siros les chanteurs de la région oloronaise, particulièrement de la vallée d’Aspe. Il est par ailleurs le promoteur des premiers disques du festival, produits par le label discographique Junqué d’Oc de Jurançon, qui connaîtront un succès immédiat. Il prend ses distances avec le festival à partir de 1980.

Présentation du contenu


Le fonds est un véritable patchwork musical, une même bande magnétique voire une même piste pouvant faire coexister des contenus différents : émission de musique classique ou collecte de chants béarnais. Ces interpolations sont le fruit de recopiages, d’usages multiples de l’enregistreur UHER, suivant les goûts de Jo Eygun voire de ses enfants comme en témoignent des enregistrements de rock anglais des années 1970.
Le fonds est en cela l’écho des usages musicaux de la fin des années 1960 et des années 1970.
Il comporte des enregistrements de concerts donnés à Oloron-Sainte-Marie, Salle Palas : concerts communs, en 1979, des groupes béarnais Los de Nadau, né en 1973, grande figure béarnaise de la Nouvelle Chanson Occitane et I Muvrini, groupe emblématique du riacquistu corse, créé en 1979 ; des groupes basque Urría, fondé par Beñat Achiarry et José Aguirre vers 1980, et Mont-Jòia, pionnier provençal des musiques et danses traditionnelles fondé en 1974 ; Los de Nadau et Los Pagalhós, groupe de polyphonie occitane du Béarn né en 1973 ; concert de musique symphonique.

Il garde par ailleurs la trace de diffusions radiophoniques de grandes stations françaises, particulièrement de musiques : classique, baroque, du monde, folk américaine, country, latino-américaine, traditionnelle aragonaise, chorale, d’orgue. Des émissions culturelles sur les troubadours, la ruralité, les questions linguistiques et culturelles.
Jo Eygun a également conservé des reportages concernant le Béarn : une émission enregistrée en 1969 lors du Festival de Siros ; échos de sorties scolaires à l’écomusée de Marquèze.
On retrouve encore des enregistrements de rock anglais des années 1970 (enregistrements de sa fille) ; de chanson française (Serge Lama, Yves Duteil).
Le fonds contient aussi les copies des enregistrements en direct des trois premières années du Festival de Siros réalisées par le label Junqué d’Oc.

Imbriqués tout en restant relativement distincts des autres captations, les enregistrements réalisés auprès de chanteurs de polyphonie constituent un axe important du fonds. Sans apprêt aucun, ils sont pris sur le vif, la plupart du temps dans des salles d’auberge des villages du piémont oloronais et des vallées d’Aspe et de Barétous, à l’occasion de soirées provoquées par Jo Eygun en quête de répertoire et de chanteurs pour la scène de Siros. Ces enregistrements réalisés dans les premières années du festival (approximativement de 1967 à 1975) sont manifestement plus anciens que les autres enregistrements du fonds.
Dans ce contexte, doit-on parler d’enregistrements ou de collecte ? L’acte de captation est bel et bien là, récurrent, même si les interpolations puis le stockage dans les années 1980 dans un coin du grenier témoignent plutôt d’un usage à court voire à moyen terme d’identification, d’aide mémoire ; inscrits dans une chaine de transmission orale plus que dans une perspective conservatoire dans le temps long.
Ce corpus donne un aperçu des répertoires et conduites polyphoniques de ce territoire au moment de la naissance du festival qui fixera, redéploiera aussi en Béarn, divers chants ou variantes de chants. Il s’agit de pièces en occitan-gascon, en français ou bilingues dont les textes relèvent de différentes stylistiques : lettrée avec notamment les pièces attribuées au chansonnier aspois Cyprien Despourrins (1698-1759) ; orale et de création chansonnière locale. Signalons que certaines de ces chansons ou variantes ont disparu depuis. Au-delà, le caractère très vivant et impromptu de cette collecte constitue dans de telles proportions et pour cette époque, la grande originalité du fonds.

Historique de la conservation


A partir des années 1980 les bandes magnétiques contenant dans un sac plastique et un cageot ont été entreposées dans le grenier de Jo Eygun. Une partie a été confiée, en 1995, aux bons soins de Jean-Jacques Castéret dans le cadre de sa thèse de doctorat. Puis, en vue d’une sauvegarde pérenne, le complément a été remis en 2009 à l’InOc Aquitaine. Le fonds a intégré le Service départemental d’archives en 2011.